Illustration
Franco-américaine née en 1968 à Paris, Julie est illustratrice et graphiste. Dessins, papier découpés, illustrations pour livres et affiches, conception de livres pour enfants et adultes.
Mini bio
"J'ai fait des études d'histoire de l'art à Paris et me suis vite mise à travailler. J'ai appris à regarder, sélectionner, mettre en page et accrocher des images à l'agence des photographes Magnum et au Centre national de la photographie à Paris. Carrefours de gens passionnants, d'artistes engagés, fous, super-pro, infernaux, des gens du métier de l'édition, de l'impression, bref, une véritable école pour moi.
Accrocher des oeuvres dans les espaces d'exposition, trouver leur place sur les pages d'un livre, dans l'espace public de la rue, ou même dans des endroits plus insolites comme des palais marocains, des prisons, des lieux abandonnés est devenu mon métier pendant 15 ans. En 1999, je fais une pause et vient au Vanuatu. Cette expérience d'un an change ma vie. C'est après un voyage dans les îles d'Ambrym, Pentecôte et Malicolo que je me remets à dessiner à plein temps. Depuis, je n'ai jamais cessé mon activité d'illustratrice. En 2007 Littlebylittle est née, une maison d'édition et de production de livres, affiches & produits papier découpés pour enfants. Avec Littlebylittle je m'engage activement à soutenir des projets écologiques, éducatifs et poétiques. Je continue à faire des livres et de la mise en pages pour d'autres artistes, et depuis 2011 les affiches et livres de l'Alliance française de Port6Vila.
Je vis entre l'Inde et le Vanuatu."
Inspirations
"Lorsque je monte un livre d'art, j'aime bien regarder les espaces autour des images non pas comme des vides mais comme des pleins. Il y a quelque chose de magique dans l'espace autour des choses. Pour le dessin, l'inspiration vient tous les jours des petites et grandes choses de la vie, mais à la fin, ce qui m'émeut c'est l'intention, le sentiment derrière le geste, ce qu'on ne voit pas en somme. Avec les papiers découpés, les ombres chinoises, les théâtres d'ombre, je trouve un langage qui laisse aux spectateurs la liberté d'imaginer qui sont les personnages, même quand on raconte une histoire.
Et puis lorsqu'on imprime beaucoup de papier dans sa vie, il y a un moment où le travail de production commence à prendre de la place et du poids. Comment trouver du début à la fin de la conception d'un livre un sens à ce que je fais ? Comment aujourd'hui éviter de produire des objets inutiles, des couvertures de cd ou dvd en plastique qu'on jette, des emballages qu'on ne peut pas recycler. Comment, par conséquent, inventer une économie de gestes, de production et de consommation respectueuse des ressources limitées que nous avons, et de la Nature où nous déversons chaque jour une quantité de déchets illimitée. Au Vanuatu, terre si extraordinairement belle et protégée, je deviens encore plus sensible à cet aspect de mon travail."
Kalja / Culture
"L'art au sens traditionnel au Vanuatu comme je l'ai aperçu, fait partie de la vie. Lors d'une conférence sur les musées du Pacifique en 1999 au Vanuatu Kaljoral Senta, j'ai entendu ces mots qui m'ont beaucoup marquée : "les oeuvres d'art ici ne sont pas mortes, elles sont vivantes, elles sont vécues." et "Notre Musée, c'est notre terre toute entière".
Après ça, en regardant les oeuvres du Vanuatu expatriées ailleurs, avec leurs étiquettes, dépliants, supers éclairages, catalogues et panneaux, j'avais une double vision - le nasara, le vent dans les feuilles, l'âme des lieux que j'avais connus flottaient silencieux autour des sculptures.
Même pour une artiste étrangère comme moi, la résonance de la kastom, cette coutume que je ne connais pas bien mais que je peux sentir parfois, est très présente. Certains diront qu'elle impose beaucoup de contraintes. D'autres disent qu'elle permet d'être en rapport respectueux avec la vie, la mort, la nature. En Inde, d'autres codes et d'autres coutumes ont des rôles semblables. A chacun de trouver son propre chemin, son propre chant. Au sein d'une culture si forte qui embrasse tous les aspects de la vie, d'un peuple si mélangé, aux si nombreux langages - et avec aujourd'hui aussi, la possibilité d'échanger des idées avec plein de gens du monde entier, je crois que c'est une chance d'avoir comme métier celui d'artiste au Vanuatu.
Pour finir, en vrac, quelques belles choses que j'aime : Au Vanuatu les dessins sur sable et les peintures sur tapa, les sculpteurs sur pierre d'Ambrym, En France, le travail des dessinateurs Joan Sfar et Marjane Satrapi, et aussi : les théâtres d'ombre balinais, japonais, vietnamiens, russes, les affichistes polonais des années 70, les peintres Hieronymous Bosch et Piero della Francesca, l'artiste de Land Art Nils Udo, les miniatures indiennes du XIIème siècle et les peintures rupestres -15000 ans av. JC des grottes de Lascaux."
On peut voir une partie du travail de Julie en cliquant ici!